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La circoncision chez les Antakarana

A Madagascar, la circoncision est un rituel de socialisation obligatoire pour tous les enfants males.  Pour les Malagasy, un homme qui n’est pas circoncis n’est pas considéré comme un vrai homme, aucune femme n’en veut, et il n’a pas le droit d’être enterrer dans les tombeaux familial. Pour eux, un homme non circoncis est un homme impur. Est l’idée même de la circoncision traditionnel reste également de préparer l’enfant male à savoir maitrisé la douleur car il deviendra un père de famille plus grand. Et c’est un devoir lourd à porter. Force donc de souligné que la société malgache est une société patriarcale.

Bien que cette conception soit commune pour tous les habitants et tribus de toute l’île, les rites d’exécution et de célébration diffèrent.


La circoncision par les Antakarana



Avant qu’il n’atteigne ses 7 ans, le garçon doit passer par la circoncision en pays antankarana, coutume qui, croit-on, ne dérive pas de l’influence islamique. Les simples particuliers peuvent procéder à l’intervention quand bon leur semble et avec un opérateur de leur choix; cela ne donne lieu qu’à une simple fête familiale.


Mais lorsque dans la famille royale des enfants sont à circoncire, le Mpanjaka décide de procéder à l’opération en grande pompe et tous les Antankarana, nobles ou non, peuvent en profiter et y amener leurs fils. « Les dernières circoncisions de cet ordre ont lieu en 1927, 1933, 1945 » (« La Royauté antankarana » par Maurice Vial, administrateur de la France d’Outre-Mer).


En 1949, il est décidé qu’elle coïnciderait avec l’érection du mât de pavillon et elle a lieu à Ambatoaranana les 4 et 5 novembre.


154 garçons sont circoncis après que, du 1er au 3 septembre, les ancêtres ont été avertis par invocation. La veille, dès la première heure, on fait couper deux bois d’environ 3m chacun appelés « Hazomahity » (bois droit) après avoir invoqué les ancêtres et déposé au pied de l’arbre une chaîne en argent comptant 6 « Masom-panjava ».


Les hommes les apportent sur la grande place solennellement; les femmes, cheveux dénoués, viennent à leur rencontre à l’entrée du village en chantant, et les arrosent avec de l’eau et du riz blanc jeté par poignées. Une deuxième équipe apporte des feuilles de « satrana » et une troisième des fibres de raphia avec le même cérémonial. Ils sont déposés non loin du mât de pavillon et des anciens « Hazomahity » alignés du nord au sud sur des nattes en feuilles de latanier fraîches et vertes. Ils sont façonnés: l’un est épointé et symbolise le sexe mâle, l’autre forme une fourche à deux branches écartées et représente la femelle.


« C’est entre ces deux bras que seront accrochées les têtes de bœufs sacrifiés. Ils sont implantés à la suite des anciens Hazomahity, le mâle au sud. Les déchets de bois sont soigneusement recueillis dans des nattes de latanier et jetés dans l’eau fraîche non loin du village ».


Dans l’après-midi, sous la direction de la première princesse Mora (Andriambavibe), sœur aînée du Mpanjaka, les femmes préparent la coiffure des garçons à circoncire en leur taillant, dans l’épaisseur des cheveux, une sorte de cercle (boangy) tout autour de la tête. Puis l’oncle maternel après avoir ceint la couronne faite en fibres de raphia, prend l’enfant sur son dos et s’entoure la tête d’un linge blanc très propre (lambantsaiky) que le garçon revêtira après l’opération pendant une semaine. « Les tantes maternelles ou paternelles se tiennent à côté en prenant l’air le plus gai possible ».


Les quatre taureaux destinés au sacrifice, choisis pour leur taille et leur conformation sans distinction de robes, sont amenés un à un attachés par les cornes et par un pied de derrière. Commence la corrida.


Le Mpanjaka s’installe en grand uniforme, bicorne en tête, à l’ouest du premier taureau et prononce l’invocation à ses ancêtres un par un, non seulement le roi, mais toute la famille en commençant par les plus anciens. Chaque fois qu’il change de génération, il donne un coup du plat de son sabre sur le flanc de l’animal. Un chœur de princesses et de femmes dirigé par Mora psalmodie les Rary (bénédictions) pendant tout le discours. Toute l’assistance est assise par terre.


Une fois la prière aux mânes terminée, le Mpanjaka rentre chez lui, chaque oncle, son neveu sur le dos et une sagaie à la main, saute par dessus les bêtes à sacrifier toujours couchées et leur lance un coup de sagaie. Seul est épargné le taureau devant lequel le Mpanjaka a fait son invocation.


Quand la nuit tombe, la veillée commence (mandrango) avec des chants spéciaux. Les enfants dorment. Au deuxième chant de coq, au petit matin, ils sont présentés par leur famille à l’opérateur dans sa case. Celui-ci les circoncit avec un couteau spécial tout en fer et à forme de rasoir; cet instrument appartient à la famille de l’opérateur.


Pendant l’opération, une aide bénévole lave avec de l’eau ordinaire la partie à opérer, mais ne lave pas après l’enlèvement du prépuce. Les enfants opérés rentrent chez eux.